Archives de Catégorie: Littérature

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Cédric Delsaux : ‘Zone de Repli‘ (Éditions Xavier Barral, 2014)

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Teenage Kicks

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Si tout comme moi, vous n’aviez pu assisté à la projection en avant-première du documentaire de Matt Wolf à la Gaîté Lyrique dans le cadre du festival F.A.M.E. 2014 et que vous êtes tout aussi avides de Youth Culture, ne manquez surtout pas sa diffusion sur Arte ce dimanche soir à 22h10.

Inspiré de l’essai de Jon Savage,Teenage : The Creation of Youth Culture (2007)‘, ce documentaire tend tout comme l’ouvrage à nous démontrer que les racines de la culture Teenage sont à chercher plus loin que vers les années soixante, où elle devint véritablement une ‘catégorie sociologique‘ en soi avec l’avènement du Rock’n’Roll.

On remontera ainsi jusqu’aux années 20-30 entre Swing Kids, Sub-Debs ou Nazi Youth, et des personnalités oubliées telles que Brenda Dean Paul ou Tommie Scheel.

En français dans le texte, ils n’ont pas trouvé mieux que ‘Nous, les ados!‘, mais il n’empêche que ça s’avère néanmoins vraiment passionnant.

‘Are teenage dreams so hard to beat…’

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Aucune absence ne sera tolérée

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The Needle and the Damage Done

James Young : ‘Nico : Songs they never play on the radio

Au début des années 80, son quart d’heure de gloire désormais bien derrière elle, l’égérie Warholienne s’installe à Manchester, moins pour la qualité de la scène musicale de l’époque, que pour celle de l’héroïne débarquant d’Iran par wagons entiers.

Sous la houlette d’un agent foireux du coin, le Dr. Demetrius, elle tente alors en plein déclin de continuer tant bien que mal sa carrière musicale sous son propre nom. Celui-ci recrute une poignée de musiciens locaux pour assurer le backing-band et la faire tourner, dont James Young aux claviers.

Le portrait sans fioritures qu’il nous livre ici est l’on s’en doute très loin de l’image glamour des années Factory : le miroir est déjà brisé, la chute, on le sait, sera fatale.

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Nico & The Invisible Girls : ‘Procession’ (1982) (produit par Martin Hannett)

Joyce Carol Oates : ‘Le Triomphe du Singe-Araignée’

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Jack LaMotta : ‘Raging Bull’

Jake LaMotta : ‘Raging Bull‘ (13E Note Editions)

Moi qui pensais sottement ne jamais prendre de plaisir à la lecture d’une  ‘autobiographie’ de boxeur (pas n’importe lequel, certes, mais quand même), ce livre est un bel uppercut à tous mes préjugés.

‘J’ai réfléchi puis secoué la tête : 

– Je ne sais pas. Ça vient de ma famille, peut-être.

Depuis que je suis tout môme, je passe mon temps à me battre, à gueuler, à bosser, à voler, et encore à me battre. À me faire dérouiller par mon père, aussi. On est cinq enfants à la maison, jamais on nous a filé un rond. Mon vieux n’a jamais décroché un boulot stable : d’abord, il est italien, mais en plus, les cours du soir, c’est pas son genre, il se débrouille mal en anglais. Quand ça va mal, et c’est souvent le cas, il se défoule sur sa famille. C’est toujours la faute d’un autre, pas la sienne, et il passe ses nerfs en cognant sur ma mère ou sur mes frères. Moi, il essaie plus. Il sait que s’il lève le petit doigt sur moi, je le fous par la fenêtre.’

La Grande Vie

Jean-Pierre Martinet : ‘La Grande Vie‘ (Editions de l’Arbre-Vengeur, 2007)

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Kirsty Gunn : ‘Pluie’

Kirsty Gunn : ‘Pluie‘ (Christian Bourgois Editeur, 1996 / Points, 2005)

‘A présent il court vers moi, et cette minute, je la savoure. Je me l’approprie. Le drap argenté de l’eau frémit autour de lui tandis qu’il s’approche, s’élançant vers moi dans l’air léger. Je pousse un cri – un son, pas de mots. Mon plus jeune frère, mon plus petit frère… Pendant cinq ans, il a occupé ma vie, ses mouvements incessants, ses rares paroles, tout cela était à moi. La courbure ravissante de ses membres délicats, voilà ce dont je rêvais pour mon propre corps, cette légèreté et cette insouciance, cet élan perpétuel et irrépressible, libéré du poids du discours et de la pensée. Aujourd’hui encore j’ai la conviction que mon frère, jaillissant de ce nuage laiteux dans son short en coton rouge formant au loin une tache indistincte, ne fait qu’un avec moi. Il dure une éternité, cet instant où il revient vers moi. Son être tout entier, le mien, est contenu dans cette combinaison particulière de muscles, d’os, de peau, et de cheveux. Or, chose curieuse, malgré la complexité du phénomène, malgré toute l’énergie concentrée dans sa course, j’eus, quand il me rejoignit, l’impression qu’il venait d’apparaître à mes côtés. « Hou hou ! » fit-il en me prenant la main’.

Virginia Woolf : ‘La Scène Londonienne’

Virginia Woolf : ‘La Scène Londonienne‘ (Collection Titres, Christian Bourgois Editeur)

Se faire prendre la main par Virginia Woolf le temps d’une balade dans le Londres des années 30, c’est un privilège qui ne se refuse pas !

La marée D’Oxford Street

‘A tout prendre – les ventes à la criée, les voitures à bras, le bon marché, le clinquant – on ne peut pas dire qu’Oxford Street soit d’un caractère raffiné. C’est un élevage, une forcerie de sensations. Il semble jaillir du pavé d’horrifiques tragédies ; les divorces d’actrices et les suicides de millionnaires se produisent ici à une fréquence ignorée des trottoirs plus austères des quartiers résidentiels. Les nouvelles y changent plus vite que dans n’importe quel endroit de Londres. On dirait que la foule des passants lèche l’encre des affiches, qu’elle en consomme plus que partout ailleurs et qu’elle exige plus vite les dernières éditions. L’esprit devient une pierre gluante qui reçoit des impressions tandis qu’Oxford Dtreet en décolle un ruban sans fin d’images, de sons et de mouvements nouveaux. Les liasses claquent sur le pavé ; les omnibus à moteur rasent le trottoir, le vacarme d’une fanfare au grand complet se réduit à un mince filet de son. Les bus, les camions, les autos, et les voitures à bras ruissellent comme les fragments d’un puzzle imagé ; un bras blanc se lève ; le puzzle s’épaissit, se coagule, se fige ; le bras blanc plonge et le flot reprend, zébré, entrelacé, pêle-mêle dans une course et un désordre perpétuels. Si longtemps que nous le regardions, le puzzle ne se complète jamais’

Portrait d’une Londonienne

Un tête-à-tête avec Mme Crowe ne s’était jamais vu. Elle n’aimait pas les tête-à-tête. Particularité qu’elle partageait avec de nombreuses hôtesses, elle n’était jamais spécialement intime avec qui que ce fût. Par exemple il y avait toujours un homme âgé dans le coin près du bonheur-du-jour – et qui, en vérité, semblait faire partie de cet admirable exemple de meuble du dix-huitième au même titre que ses pieds en laiton. Mais on lui disait toujours Monsieur Graham – jamais John, jamais William : bien que parfois elle lui disait « cher Monsieur Graham » comme pour souligner le fait qu’elle le connaissait depuis soixante ans.
La vérité, c’est qu’elle ne voulait pas d’intimité, elle voulait de la conversation. L’intimité a coutume d’engendrer le silence, et elle avait horreur du silence. Il fallait parler, et en général, et à propos de tout. Il ne fallait pas être trop profond, ni trop intelligent, car si on s’avançait trop dans un sens ou dans l’autre quelqu’un se sentirait certainement exclu et resterait sans rien dire, sa tasse à thé à la main.
De sorte que le salon de Mme Crowe n’avait pas grand-chose de commun avec les salons célébrés par ceux qui écrivent des mémoires. Il y venait souvent des gens intelligents – juges, médecins, membres du Parlement, écrivains, musiciens, des gens qui voyageaient, d’autres qui jouaient au polo, des acteurs et des rien du tout, mais si l’un d’eux disait quelque chose de brillant c’était plutôt ressenti comme une brèche faite à l’étiquette – un accident qu’on ignorait comme une crise d’éternuements ou la catastrophe causée par un muffin. La conversation qu’aimait Mme Crowe et qu’elle inspirait était une version glorifiée du commérage villageois. Le village était Londres, et les commérages londoniens.

Virginia Woolf : ‘Mrs. Dalloway’

Virginia Woolf : ‘Mrs Dalloway‘ (Folio classique)

Dire qu’il m’aura fallu attendre toutes ces années pour lire certainement le plus beau roman jamais écrit avec Londres en toile de fond.

«Il y a une solitude, même entre mari et femme, un gouffre ; et cela, on doit le respecter.»