Après nous avoir fait découvrir le travail de John Smith en projetant parallèlement à l’exposition consacrée à Chris Killip son film de 1976 ‘The Girl with Chewing-gum‘, Le BAL et le Cinéma des Cinéastes nous invitent à découvrir plus en profondeur l’oeuvre de ce vidéaste expérimental britannique encore trop méconnu par chez nous.
Deux matinées de projection lui seront ainsi prochainement consacrées dans le cadre du cycle ‘D’un Monde, l’autre‘, une programmation de films documentaires et expérimentaux autour de l’exposition de Paul Graham.
Une occasion trop rare pour se permettre de la manquer !
Le BAL inaugure pour mon plus grand plaisir un cycle sur la photographie britannique et persévère dans une programmation sans faute en présentant pour la première fois à Paris les photographies de Chris Killip.
Une oeuvre passionnante, puissant témoignage d’une Angleterre post-industrielle en pleine mutation, par un maître incontesté de la photographie britannique.
Remerciements au BAL pour avoir permis le soir du vernissage une rencontre avec ce grand Monsieur, que je ne suis pas prêt d’oublier. Il faut l’entendre parler des anecdotes de ces rencontres, des trajectoires de ces personnes qu’il a non seulement photographiées mais avec lesquelles il n’a cessé depuis de tisser un lien, ou même de l’histoire de ces lieux pour être rassuré sur le fait que l’on ne peut atteindre un tel niveau d’excellence si le coeur ne suit pas.
Exposition de l’année, à ne manquer sous aucun prétexte !!!
‘One night in 1994 my American Friend John Clifford, who owned the best bar in Cambridge, took me into the middle of Boston to where the civic center and other administrative buildings now stand. These buildings were built in the 1960s on top of the old tough working class district of Scully Squares, where John and his brothers were born and raised.
John pointed out to me the streets that no longer existed, telling me who had lived where and in which house. Who had died in Vietnam, who had worked for the mob, who had gone to prison or ended up in politics. When I interrupted this narrative to tell him how great it was that he was telling me the history of this place he spun around, gripped me by the throat and pushed me against the wall. With his raised fist clenched he said ‘I don’t know nothing about no fucking history, I’m just telling you WHAT HAPPENED‘.
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‘Un soir de 1994, mon ami américain John Clifford, propriétaire du meilleur bar de Cambridge, m’a emmené dans le centre de Boston, où se dressent aujourd’hui les bâtiments administratifs de la ville. Des bâtiments construits dans les années soixante, à l’emplacement du vieux quartier ouvrier de Scully Square où John et ses frères étaient nés et avaient grandi.
John me montrait des rues qui n’existaient plus, en m’expliquant qui avait vécu dans quelle maison, qui était mort au Vietnam, qui avait travaillé pour la mafia, qui avait fait de la prison ou de la politique. À un moment, je l’ai interrompu pour lui dire que c’était formidable qu’il me raconte ainsi l’histoire du quartier. Il s’est retourné subitement, m’a pris à la gorge et m’a plaqué contre le mur.
Le poing levé, il m’a dit : ‘J’en ai rien à foutre de l’histoire. Je te raconte CE QUI S’EST PASSÉ‘.
John Smith : ‘The Girl with Chewing-Gum‘ (1976, 12’)
Parallèlement à l’exposition de Chris Killip, le BAL nous donne aussi à découvrir une des grandes figures du cinéma expérimental britannique, John Smith.